Par moment, par instant, par vague, par un simple battement de coeur et sans raison, c'est le déluge. Un murmure invisible, un souffle portant son nom, caressant l'esprit de son fantôme rejoignant sa demeure. La brise innocente d'un ouragan, le souvenir et le rappel qu'aura été un jour leur vie, venant en soulever les débris. Soulevant ce qu'il en restait de lui.

Les ongles enfoncés férocement dans la chair, il déchire le malheureux tissu épris par l'emprise de ses mains, le nylon fendu à son simple passage. Et elles remontent, remontent dangereusement et rapidement, pour englober les formes d'un corps anonyme, un corps inconnu plaqué, écrasé, entre lui et cette paroie. Prise au piège par le désir mutuel de se faire la guerre le temps d'une ou deux chansons. Elle n'a aucune idée d'où elle a mis les pieds, happée par ses lèvres avides et amères, destructrice de ses plaintes.  L'obscure noirceur dans le regard rencontre le sien sans oser s'y perdre. Il la laisse découvrir l'empreinte de son épiderme par l'effleurement de ses doigts, une douceur contraste par la violence de son toucher. Il laissera les traces de son passage, il laissera les marques invisibles, poison humain d'une éteinte se fondant en elle d'une chaleur brutale en pleine ascension. Et ses caresses, bientôt, sont devenues aussi blessantes que les siennes. Elle arrache cette peau qu'elle s'était plue, un instant, à étreindre de douceur jusqu'à regret. Il n'a pas été aussi tendre, parce qu'il lui aurait été impossible de l'être. Aucune affection, aucune attention, aucune considération pour elle, étouffant par son poids, par sa présence, l'attaquant par un plaisir sans aucune retenue. C'est la tempête, entre les gémissements mourant sous la musique cognant les murs, de l'autre côté et ses bras cherchant désespérément une accroche.

Et ça le fait oublier, et ça le fait se sentir tellement bien putain, de le dégager de son esprit, de remballer la marée pour lui montrer ce qu'il en était à présent. Un mec bon qu'à baiser une meuf. Deux personnes sans nom, à trouver la jouissance dans la brutalité. A aimer cette sensation et s'y plaire. A presser encore et encore son être entre ses cuisses, l'effervescence des rencontres à répétition élevant l'esprit à son paroxysme. A cette impression de destruction, de mal à transmettre. Se plaisant à la violenter et la maltraiter dans son entièreté. A dévorer sa nuque, sa poitrine si vulgairement mise à nue par ses mains. A ruiner son maquillage en assassinant ses lèvres charnues pour les faire rougir naturellement. Par ses fringues qu'il a déchiré et cette peau, par endroit, qu'il n'a pas seulement fait qu'effleurer. Et il ne cessera probablement jamais de s'enfoncer encore et encore dans le désir de détruire un autre corps car la frustration reviendra. Le souffle s'élèvera encore et il sera toujours là, bon à lui rappeler que personne ne serait jamais lui.