we were just wasting time

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Un café glacé bientôt fini à la main et une de ses éternelles casquettes enfoncée sur la tête, Taewoon avait franchi le seuil du spa un sourire aux lèvres, son regard non pas dirigé vers l’accueil mais cette ombre l’accompagnant. Minjae. Riant à la dernière connerie qu’il venait probablement de lui sortir, se retenant de lui donner un coup de coude, le coréen l’avait finalement quitté des yeux pour scanner les alentours : « Comment ça tu t’attendais pas à ça, quand je t’ai dit après l’effort le réconfort ? » Esquisse narquoise alors que se dirigeant vers le bureau principal, il avait dû prendre sur lui pour retrouver un semblant de sérieux. Saluant l’hôtesse, il leur avait expliqué qu’ils avaient fait une réservation au nom de Kim Taewoon pour deux. Patientant le temps qu’elle retrouve leur fichier dans leur base de données, il avait doucement hoché la tête lorsqu’elle leur avait souhaité de passer un bon moment, leur indiquant où aller. « Ça va tu penses pas trop à moi, seul dans ton appartement ? T’arrives à cuisiner sans me rêver, là, assis sur le plan ? »

Insupportables.
Ils étaient insupportables.

Et se dirigeant d'un pas des plus nonchalants vers les vestiaires, Taewoon avait quitté sa casquette puis son haut, continuant de renvoyer les balles à Minjae. De loin, on aurait pu croire qu’ils parlaient d’un film qu’ils étaient allés voir ensemble un peu plus tôt dans la journée. De loin, oui, ils paraissaient proches mais surtout normaux. « En vrai je crois pas c’était une bonne idée… » À présent dans la salle et chacun allongé sur une table de massage, une serviette dissimulant leur sous-vêtement, Taewoon avait lancé un regard presque désespéré à son meilleur ami : « Comment je vais supporter l’idée que y’a pas que moi qui te fait de l’effet ? » Et si l’autre faisait dans la polygamie, il était bien connu que lui était d’une fidélité et d’un sérieux légendaires.

Non, le fait que deux employés soient présents dans la salle et en train de préparer les différents soins ne semblait pas le déranger.

 

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Et c'était comme si il ne s'était jamais rien passé, en retrouvant Taewoon dans sa vie. Devenu la pièce maîtresse permettant à Minjae d'exister et celui capable d'amener à nouveau ce calme dans sa vie, d'en apaiser le passé. Lorsqu'il avait vu l'enseigne se dessiner devant eux, il s'était simplement laissé guider à l'intérieur, le sourire aux lèvres et les doigts lâchant prise sur un gobelet vide d'un précédent café. Je pensais que tu me prendrais dans tes bras, pas que tu me pousserais littéralement entre ceux d'une autre. Il hausse les épaules, entre l'amusement et l'attitude si décontractée, enfonçant ses mains dans ses poches lorsque son regard balaie l'endroit. Il circule pour revenir à l'hôtesse ayant eu suffisamment le temps de retrouver le nom de réservation ; son nom d''idole. Kim Taewoon... vraiment ? Tu aurais pu au moins changer de nom de famille. Tu sais que je te prête volontiers le mien quand tu veux. Il arque un sourcil, il juge gentiment.  Il pensait qu'il aurait au moins changé de nom, ou était-ce lui, qui avait pris l'habitude de le faire sans arrêt quand cela touchait de trop près à son identité ? Vague mouvement de politesse et détachement avant de s’enfoncer en direction des vestiaires. Je survis Et il lève les mains, prétendant être si désespéré et pourtant, son expression, ses gestes n'ont rien de convainquant. Pauvre, pauvre minjae.  J'attends encore le jour où tu attendras nu sur ce plan que je rentre du travail.  Quand insupportable devenait un faible mot.

Il avait été si simple de continuer, plus encore quand ils avaient commencé à enlever les vêtements. C'était toujours beaucoup trop simple de trouver les mots dans ce genre de situation,  tellement qu'il en remercierait presque son meilleur ami pour lui offrir un divertissement plus qu'un massage. tu n'as qu'à imaginer que ce sont tes mains sur mon corps. Et puis si ça te frustre tellement, je n'ai rien contre un second massage Taewoon. Il s'était allongé, laissant le sous-entendu plané sans aucune subtilité, intercepté par le personnel de l'établissement les jugeant déjà sans doute. Ca n'avait pas encore commencé et il avait attendu le moment exacte pour l'ouvrir à nouveau, une synchronisation parfaite. ... Alors, ça fait quoi d'être touché par un autre ? Et les employés pouvaient l'entendre qu'il ne semblait pas s'en soucier, et ne sembla pas vouloir les prendre plus en considération non plus.  

 

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Jetant son café dans une poubelle proche de l’entrée, Taewoon avait répondu à l’accusation de Minjae sans se démonter : « J’essaie de comprendre ton côté polygame. » Se retenant de rire, un sourire hilaire sur les lèvres, il avait haussé les épaules. Il ne l’aurait pas à ce jeu. Il le connaissait trop bien pour ne pas savoir quoi répondre. Plus d’une année entière qu’ils se connaissaient, à présent. Et c’était à se demander comment ils faisaient pour toujours se supporter ? Un an mais Taewoon avait l’impression qu’ils s’étaient rencontrés hier, un an mais il avait l’impression qu’ils se connaissaient depuis toujours.

Et peut-être qu’il y avait un peu de ça.
« Tu tiens à ce point à ce que je porte ton nom ? » Regard en biais, narquois. Et il voyait très bien ce qu’il insinuait sous cet humour. Mais lui répondre qu’il était un régulier ici et que le salon était connu pour leur discretion… Ouais non. Ce n’était pas eux et il était bien plus facile de lui renvoyer la balle que de s’avouer grand perdant de ce jeu qu’ils avaient commencé des mois auparavant.

De l’entrée à la réception, de la réception jusqu’aux vestiaires. Ils ne s’arrêtaient jamais. Et on aurait pu croire qu’ils se calmeraient une fois en sous-vêtement dans la salle de soin. Ils n’étaient pas seuls, après tout. Il ne s’agissait plus que d’eux : mais non. Leur conversation tranchait le silence et leurs sourires n’ayant rien d’innocents trahissaient clairement la nature de leur relation. Pire, ils induisaient en erreur.

Ça le tuait. Il le tuait.

« T’as l’habitude de ça, hein. » Regard plein de sous-entendus alors qu’il avait conclu : « Imaginer. » Son esquisse s’était faite presque sadique alors qu’il s’était retenu de rire. Car c’était vrai, non ? Minjae était le roi de l’imagination : entre ça, le voyeurisme et le plan de travail… Scandaleux. L’avoir fait venir ici était de loin une des meilleures idées qu’il avait eues. Et content, il avait arrêté de le regarder, fermant les yeux en attendant que les soins commencent.

Avait dû faire appel à toutes ses connaissances en matière de jeu d’acteur pour ne pas rire faire à son commentaire lorsqu’enfin les mains s’étaient posées sur lui. Laissant une seconde flotter, il avait finalement répondu d’un ton joueur : « Je sais pas, t’en penses quoi ? » Yeux s’ouvrant lentement alors que son sourire en disait long sur le fond de sa pensée : « Ça te fait quoi, toi, de me voir touché par un autre ? » Le pire dans l’histoire était de voir ces employés continuer leur travail sans ciller.  

 

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A croire que tous les deux se plaisent à jouer à ce jeu d'insaisissable, à se chercher sans jamais s'arrêter et c'était le succès de leur année de rencontre ; de cette amitié devenue plus solide qu'elle ne le paraîtra jamais en surface. Ils se comprenaient. Ils se comprenaient tellement qu'ils n'avaient jamais eu besoin d'aucun mot pour le dire, pour les souder. Seulement le fil des plaisanteries, des pensées et de leurs phrases qui dépassaient plus que les conventions. Ils brisaient sûrement toutes règles et faisaient rougir l'éthique de leurs comportements, abusant plus que de raisons des sous-entendus qu'on aurait plutôt tendance à murmurer. Tu pourrais au moins m'accorder ça, non ? Tu n'aimerais pas t'appeler Lee ?   Lee Taewoon, il était prêt à dire que la consonance était même mieux que l'original, sans vouloir se vanter.  Il relève simplement d'un sourcil sans insister pour l'instant, sans doute qu'il avait été plus intéressant de se perdre entre d'autres vannes ne sortant pas des vestiaires.

Et ils ne s'arrêtaient jamais. Il aurait été plus étonnant encore que le silence règne dans l'espace intime de la salle de massage et à l'instant, les pauvres employés devaient probablement se demander sur qui ils étaient tombés, se murant dans le mutisme malgré tout. A leur place, Luka l'aurait sûrement ouvert, user d'une remarquer et appuyer le malaise. Mais Luka et Taewoon étaient deux espèces d'un autre monde. J'ai l'habitude, oui D'imaginer. Et c'était fou le nombre de pseudo fantasmes et insinuation qu'ils avaient pu trouver et continuaient à trouver. On pourra les féliciter pour tant de créativité et génie, si seulement on ne les prenait pas tant au sérieux et leur adressait bien souvent des regards à outrance qu'il se contentera tout bonnement d'ignorer. Ce n'est pas comme si j'avais d'autres choix, je fais avec ce que tu me donnes : des miettes de pain au quotidien. Homme délaissé et jamais contenté, jouant peut-être trop bien la comédie. Les yeux clos à profiter un temps des mains venant détendre ses muscles, il lui avait arraché un sourire et son attention. Se redressant vaguement pour le détailler et appuyant son regard sur son corps traité avec soin. Oh je meurs de jalousie si tu savais... je suis à deux doigts de venir le remplacer. Mais c'était sûrement ton plan depuis le début ?

 

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Un sourire discret sur les lèvres, Taewoon avait savouré la concession que venait de lui faire Minjae. Il avait l’habitude. L’habitude de penser à lui, de s’imaginer toutes sortes de choses à ses côtés et d’essayer inlassablement d’en faire des réalités. Aussi il avait du se retenir pour ne pas saisir cette perche que lui tendait son meilleur ami, meilleur ami qui passait d'ailleurs plus pour un amant aux yeux des deux employés s’affairant.

Faudrait peut-être penser à passer à l’action, non ? Et ça le démangeait, le démangeait qu’il l’aurait fait s’il ne le connaissait pas autant. Car chez Minjae, il n’y avait rien d’innocent. Et s’il avait admis avec tant de facilité, c’était forcément qu’il n’allait tarder à le casser. Avec ou sans réplique, il allait forcément lui sortir un mais tu ne m’en laisses pas le choix, voyons.

...

Ça n’avait pas manqué.
Ses yeux se seraient écarquillés, s’il n’avait pas l’habitude à force d’ainsi savoir, d’ainsi tout connaitre de leur jeu qui n’en finissait pas. Il ne savait même plus quand et où ils avaient commencé. Allaient-ils seulement finir un jour ? À ce rythme il savait qu’ils y seraient encore dans trois ans. « Depuis quand tu attends l’avis des autres ? Je pensais que tu étais un homme d’action, Minjae, un séducteur, un prédateur… » Quelle déception.

Il ne s’était pas démonté, lui prouvait d’un regard faussement innocent qu’ils n’étaient pas si différents. Ils ne l’avaient jamais été et leur année d’amitié n’avait rien arrangé. Et il aurait du lui dire, qu’il tirait le pire de lui : l’entrainait dans sa connerie. Mais étrangement, ces accusations auraient sans doute sonné comme des compliments à l’oreille de son ancien coach. Et ça, plutôt crever. « Quoi, tu le ferais ? »

Car il n’y avait rien de mieux, non ? Plutôt que mimer un air faussement surpris et désolé, que de lui dire oui qu’il l’avait percé à jour. C’était vu et revu. Il fallait innover, accentuer ce qu’il avait dit une poignée de secondes plus tôt. Le mettre au défi. « Ce serait l’occasion de réaliser tes fantasmes, après tout… » Et il s’en serait presque voulu d’ainsi lancer les dés. Car il savait, au fond, qu’il serait impossible de les stopper s’ils s’engageaient sur ce genre de défis à la con.

Eux qui avaient grandi trop vite mais qui ensemble n'arrivaient pas même à atteindre la barre des quatorze ans.

 

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Il avait cessé de chercher, de trouver des explications à leur comportement depuis longtemps. Assumant un rôle de prédateur alors qu’il ne l’était pas tant, tirant plus du joueur que réel séducteur. Il laisse les débordements, il se moque finalement de ces regards lourds de jugement, ne laissant que son propre sourire transparaître sur son visage lavé de toute autre expression. Le jeu finalement, c’était peut-être de pousser l’autre jusqu’à la limite, cette ligne, frontière fictive là où il n’y aurait plus assez de mots et qu’ils seraient forcés d’avancer ou de reculer... Tout en sachant que chacun profiterait de chaque dernier millimètre restant. Il y a une différence entre être un homme d’action et être un affamé...   Et il arque un sourcil face à la réponse pourtant évidente. Affamé par des miettes de pain et pourtant toujours là, on ne pouvait que lui reconnaître sa patience. J’espère qu’un jour tu te rendras compte de ta chance et que tu me montreras un peu plus d’affection... Mais tu sais ce qu’on dit, c’est quand on l’a perdu qu’on se rend réellement compte de l’importance des choses. Des attentes légitimes, quoi que vaguement dramatisées. En un an seulement, ils avaient violés la culture coréenne un bon nombre de fois par leurs propos et ne semblaient pas s'en sentir si coupable. Minjae qui ne semble pas vouloir s’arrêter là, prêt à sacrifier son entrée dans ses lieux à vie pour une simple lueur de défi dans le regard. Luka qui ne peut se retenir face à sa propre impulsivité. Ne fais pas comme si tu en doutais. Si il en doutait réellement, il le décevrait.  Se redressant sur ses coudes, il ne s’était pas levé, pas encore. C’est ce que tu veux Taewoon ? Comme si il s’agissait là de la demande la plus officielle qui soit, le sérieux dans le ton, emportant leur connerie à un autre level ; d’autant plus bas. Hommes adultes à l’esprit adolescent, c'était vraiment ça.

 

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Les mains de l’employé avait remonté son dos jusqu’à ses clavicules et Taewoon avait souri. Aussi on aurait pu croire que le soin effectué lui faisait le plus grand des biens : mais son regard le trahissait. Pire. La mimique toute entière n’avait rien de détendu, il était juste amusé. « Et tu es les deux, c’est ça ? » Joueur il s’en serait presque redressé pour venir bloquer sa tête dans sa paume, son coude soutenant le tout. Mais les mains ne quittant pas le haut de son dos, il s’était abstenu.

Minjae le tuait et pire : il lui faisait oublier qui il était. Lui faisait oublier qu’il n’était pas personne et qu’à tout moment c’était sa carrière toute entière qui pouvait s’effondrer. « Tu me proposes de te mettre en laisse ou ça se passe comment ? Ou peut-être est-ce une invitation pour qu’on porte des matching t-shirts pour qu’on te ramène à moi si tu te perds, c’est ça ? » Narquois. Narquois alors qu’il avait balayé cette possibilité sans revenir dessus, ne voulant pas y penser. Il était plus facile d’en rire et de se demander comment perdre un grand gaillard d’un mètre soixante-dix-huit dans la rue plutôt que de réellement se pencher sur la possibilité. Perdre son meilleur ami. Perdre son partenaire en crime, encore.

Retourner à sa vie d’avant.
Il ne voulait pas.

Il ne voulait pas et n’aimait pas l’idée. Aimait son lui actuel et ne voulait en aucun cas enlever ce sourire qui avait retrouvé ses lèvres : sincère. « Je voyais ça plutôt comme une proposition mais c’est vrai qu’on va pas priver nos chers masseurs de leur travail, hein ? » Et lui aussi, s’y mettait : au dramatique. Levant une main au ciel d’un air presque désespéré, il l’avait rabattue avec mollesse. « Après je comprends que tu aies peur de pas être au niveau. C’est pas comme si c’était un des meilleurs spa et qu’ils faisaient ça depuis des années. Si t’es timide on peut toujours remettre ça à plus tard, tu sais. A ce stade qu’un autre me touche et qu’un autre te touche… On a qu’à fermer les yeux et imaginer : on connait ça. » Dernière provocation qui avait plongé la salle dans un silence presque gênant.

Fermant les yeux il avait enfin daigné à placer sa tête dans l'appui tête creux, laissant s'échapper un rire qui tenait plus du ricanement.

Il n’était pas gay, pourtant.