Moon Giulietta >> Choi Ren

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Tout va vite. Trop vite. Et tandis qu’on la fait monter dans l’ambulance avec lui, Giulietta ne quitte pas le jeune homme des yeux une seule seconde. Dieu ce qu’elle s’en veut ! Dieu ce qu’elle peut se haïr à cet instant ! Si seulement elle avait fait un peu plus attention… L’ambulancier a beau lui dire qu’elle a réagit comme il le fallait, qu’elle n’a rien à se reprocher, elle ne le croit pas. Elle aurait pu empêcher sa tête de…

Dans le hall des urgences, ses pas se pressent. Elle tourne comme un lion dans une arène sans même faire attention aux gens l’observant bizarrement. Sûrement que le sang sur son débardeur blanc et sur ses mains n’arrangent rien à la situation. Comme un animal en cage, elle attend, impatiente, nerveuse. La notification d’un nouveau message la pousse à vite prendre son téléphone. Heureusement que Sun Hi ne dort pas. Grâce à elle, elle a pu récupérer son numéro. Il faut qu’elle l’appelle. Même si ça parait dingue, même si ça ne la regarde pas… Il faut qu’elle la prévienne. Qu’elle prévienne Erin de ce qui est arrivé. Et la seule personne pouvant les mettre en communication, c’est lui.

Décroche. Par pitié, décroche à ce foutu appel… ! Supplie Giulietta en serrant la mâchoire, nerveuse comme jamais. « Ren ?? » Dit-elle soudainement, après qu’il est enfin décroché. « Ren, il… il, il faut absolument qu’Erin vienne ! Je… Je- je… » La panique la fait bégayer, rend son cerveau complètement fou. « Il… Il, il est tombé… Il a eu un malaise et je… J’ai pa-pa-pas pu empêcher sa chute, je… je suis tellement désolée… ! » Malgré elle, les larmes se mettent à rouler. L’émotion qu’elle a tenté d’écarter pour garder un minimum de self control éclate.

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Ren se réveille subitement en sentant les vibrations dans sa poche. “Merde, merde…” marmonne-t-il en se redressant rapidement, manquant de se casser la figure en courant vers la porte de la salle aux étoiles son téléphone en main, et parvenant finalement à sortir de la pièce sans rien de cassé. Est-ce qu’Erin s’est réveillé ? Il espère que non… Aish, mais qui peut bien l’appeler à cette heure… et alors qu’il voit le numéro inconnu sur l’écran de son téléphone, il envisage de ne pas décrocher. Si ça se fait, c’est une farce, ou un faux numéro… mais après tout… il est déjà réveillé. S’il doit passer sa mauvaise humeur sur quelqu’un, autant le faire sur un inconnu au téléphone.

Dès le premier mot qu’il entend à l’autre bout du combiné, les entrailles de Ren se serrent. Il sait qui c’est. Comment pourrait-il ne pas reconnaître sa voix ? Mais la façon dont elle a appelé son nom… non. Quelque chose va mal. Quelque chose va très mal. Ren bouche son autre oreille pour se concentrer sur ce qu’elle est en train de lui dire, mais il comprend à peine ce qu’elle essaie de lui indiquer, ne lui donne aucune pause pour lui dire de se calmer. Lorsqu’enfin elle finit de parler, il sait qu’elle doit être en train de pleurer, où qu’elle soit. Je dois rester calme. Je dois rester calme, sinon je ne pourrai rien faire, je ne pourrai pas l’aider

Ren tente de repasser les mots qu’il a capté. “Giu… Giu, attends, souffle, calme toi, quoi qu’il se passe… ça va aller, dis moi où tu es, je viens tout de suite, d’accord ?” lance-t-il, avant de reprendre. “Erin ? tu as dit Erin ? Est-ce qu’Erin doit venir ? Qu’est-ce qui se passe ? Giu tu…” Il secoue la tête, la gorge serrée, la panique montant de plus en plus en lui. “Giu… Giu, tu es en sécurité, pas vrai ? Tu… on ne t’a pas fait du mal, hein ? tout va bien pour toi, hein ? ce n’est pas…” Il secoue la tête. reprends toi “Dis moi où tu es.”

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Elle plaque ses doigts contre le haut de son visage, serre rageusement les dents. Les larmes ne cessent de couler, son cœur ne cesse de battre de façon acharnée. Quoi qu’elle fasse, elle entend encore ce bruit, cet affreux bruit dans sa tête. Malgré toute sa bonne volonté, Giulietta craque. Ses sanglots s’entendent à travers le combiné, comme ceux d’une enfant complètement apeurée, en plein tourment. Comment se faire comprendre dans un tel état ? Elle se hait. Elle se déteste d’être aussi faible. Elle imagine avec une facilité redoutable ce que lui dirait sa mère dans à cet instant précis :

« tu es bonne à rien. »

C’est la voix de Ren qui parvient à ne pas la perdre complètement. A travers ses propres pleurs, elle l’entend. Et elle s’accroche au timbre de sa voix comme on s’accrocherait à une bouée de sauvetage. Ren lui dit de souffler, de se calmer. Alors elle tente de le faire. Elle inspire, expire fortement, les joues inondées. Oui. Peut être que c’est bête mais à cet instant, elle crève d’envie qu’il soit là. Comme avant. Comme à chaque fois qu’elle se sentait mal lorsqu’elle était plus jeune. Peut-il vraiment venir pour elle… ? « Je… » Oui, c’est avant tout Erin qu’il faut prévenir. C’est Erin qui doit venir. « N…Non… Moi je vais bien… C’est lui qui… » Sa gorge se serre. Elle plisse ses beaux yeux embrumés avec tristesse. « A l’hôpital… Écoutes Ren, je…»

Comment annoncer les choses ? Comment peut-elle tout lui expliquer en si peu de temps ? « J’ai… j’ai rencontré un garçon ce soir en faisant mon footing et… il a fait un malaise alors qu’on parlait… Sa tête a heurté le sol et je, je, je… ! » Elle souffle un grand coup, lève les yeux au ciel pour empêcher une nouvelle vague de sanglots. « Je… je crois que ce garçon, il… Il est sorti avec Erin. Des yeux très en amande, une voix très grave, des cheveux noirs un peu ondulés… Je connais pas son nom mais… » Si seulement elle le lui avait demandé. Ce n’était pas comme si elle avait eu le temps de retourner sur l’instagram de la Hyun depuis. « Il… Il était tell-tellement triste, Ren… Je, je, je sais pas si c’est à cause de ça qu’il… Mais, je suis sûre qu’elle le connaît bien… Je suis sûre ! »

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Lui aussi tente de se calmer. D’entendre chacun des mots qu’il lui semble percevoir. Ren finit par s’appuyer contre le mur pour l’aider à se concentrer. Et il l’écoute. Même s’il ne comprend pas grand chose à son histoire d’abord… il ne lui faut que peu de temps pour deviner de quel garçon il s’agit. S’il était déjà mal, il ne l’est que plus en pensant à Erin dans la pièce d’à côté. Il déglutit difficilement. “Je te crois” lui répond-il. Il ferme les paupières. Trop de choses à gérer, trop vite. Son coeur bat à toute allure, et un mal de crâne est en train de monter. Mais il doit être fort… qui pourra s’occuper de tout ça, sinon lui ? “Giu ?” finit-il par appeler après un long moment passé à ne rien dire “Attends moi. Je vais venir.. je vais venir avec Erin. Ne bouge pas… je fais du plus vite que je peux, d’accord ?” tente-t-il de lui annoncer de la façon la plus sûre et confiante qu’il le peut. Son calme n’est que feint. A l’intérieur de son corps, c’est la tempête. “Je dois… Il faut que je raccroche. Il faut que je parle à Erin. Mais on.. je… j’arrive vite, d’accord ? Tout va aller” il dit ça mais il n’en sait rien. Giu ne lui a même pas dit dans quel état était Jisoo. et s’il était… Non, non, non. Si c’était si grave que ça elle.. elle l’aurait dit, non ? Il doit être juste … un peu blessé et elle.. ça l’a impressionné. Rien de plus “Je dois raccrocher Giu. Tu… j’arrive vite. Trouve un endroit où te poser, d’accord ? Il faut que… tu peux faire ça pour moi ? respirer. Et boire, d’accord, tu trouves quelque chose à boire, et à manger si tu y arrives et… je… il faut que j’y aille. J’arrive. J’arrive, d’accord ? Giu… tu n’as rien fait de mal.” achève-t-il avant de raccrocher précipitamment le téléphone. Il ne peut pas prendre son temps… pas s’il veut arriver vite à Giu. Et il fixe la porte qui est devant lui, tremblant, incapable de savoir comment il va devoir sortir Erin de son sommeil pour lui annoncer la nouvelle.

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