[11:11PM]

« Les garçons, il faut qu’on parle. » Et son regard dérive aussi rapidement que l’image du jeu-video étalé sur l’écran ne se fige. Un temps de pause où il sut déjà que cette discussion n’aurait rien de différente des autres. Le moment gênant sur le canapé, si bien qu’il avait fini par détester la zone du salon. Cabinet de psy déguisé pour sa mère, déjà posée face à eux lorsqu’ils y trainent les pieds. D’un regard à Alix, il se pose et ça devient mécanique, sa façon de pensée, une protection contre le moment désagréable où elle semblait toujours les décortiquer avec ses questions en ustensile. Avachi, il ne bronche pas. Il bronche pas quand elle évoque que les hommes ont des besoins. Si machinalement, il répond, mais ne peut que sourire en voyant son pauvre cousin se décomposer sur sa partie de canapé. 

« pourquoi tu as fait ça, Yohan ? Il faut qu’on parle, il faut qu’on en parle. Qu’est-ce que tu ressens ? » Il n’en a aucune idée, n’a pas de réponse au pourquoi, il n’en sait rien. Foutrement rien, le laissant pourtant là avec sa carrière explosée entre les mains. Il aurait sûrement été écarté de ce match, si il en avait parlé au coach. Il avait préféré minimiser les choses et ne rien prendre trop au sérieux. Mais il n’aura pas su lui répondre à ses attentes, détournant son visage coupable et frustré, debout et déjà prêt à quitter ce salon lui filant la nausée. Il aurait aimé qu’elle le rassure sans avoir besoin de toujours tout comprendre, sans le forcer à éclaircir autant son esprit alors que c’était un tel bordel, dans sa tête. «  j’sais pas, j’en sais rien, j’ai pas envie d’en parler là. » Y a rien d’autre qui sort. Et quand elle insiste encore, il lui arrache son propre bras de son emprise pour remonter dans sa chambre. « N’enferme pas tes émotions YOHAN » Il n’aura pas su faire semblant cette fois, claquant la porte. Elle l’étouffait, tout le monde l’étouffait.


« moi aussi je t’aime » Il suffisait de ça, de mot pour la rassurer et taire une discussion beaucoup trop longue alors qu’il n’aspire qu’à dormir. Il n’a pas envie de se plonger dans la définition de leurs sentiments et de les confronter, pour voir s’ils sont exactement pareils, pour voir qui aime un peu plus l’autre. Il serait le perdant accusé de la relation qui n’avance pas. Il se contente de poser ses lèvres contre les siennes, de serrer son corps encore brûlant contre le sien et de fermer les yeux par facilité.