Pourquoi ? Comment en êtes vous arrivés là ? A vous détruire à nouveau. A vous détruire pour de bon.
Tu cherches à comprendre. Effondré sur le sol de ton entrée, une maigre lettre au bout des doigts. Tu rejoues dans ta tête les derniers événements qui ont pu mener à ce coup fatal.
Ce voyage à Milan que tu lui avais promis. Un vent de liberté où vous pourriez enfin vous tenir la main dans la rue. Partager un restaurant, le genre de ceux dont l'ambiance est tamisée et où l'on pose des chandelles sur une nape rouge. Vous endormir côte à côte devant un mauvais film au cinéma, ta tête sur son épaule. Être un couple, juste pendant quelques jours. C'était la preuve de ton amour, l'effort que tu voulais faire pour lui montrer à quel point tu l'aimes même si tu le forces à rester caché dans un placard.
Mais tu t'es dégonflé. T'as eu peur que ton père finisse par l'apprendre, comprenne tes intentions en te voyant partir pour l'étranger accompagné de ce garçon. Et t'as annulé. Tu l'as poussé un peu plus loin dans l'ombre au lieu de le rassurer. Tu l'as convaincu qu'il ne pourra jamais exister à tes côtés. Que jamais vous ne marcherez sous la même lumière.
Et puis il y'a eut les éclats de voix. C'était trop beau pour être vrai, trop paisible. Trop facile. Tu refusais de le voir, mais ce bonheur retrouvé était bien trop fragile.
Dans son coeur il gardait la rancoeur, enfouie, elle dormait en lui jusqu'à finir par se réveiller. Un peu trop stimulée, elle avait ressurgit et tout avait explosé. Ces non dits trop difficiles que vous aviez pensé pouvoir éviter. Ta lâcheté, encore mise sur le tapis. Tu ne changeras jamais. Non, tu seras toujours un gamin qui a peur de son père. Cette éternelle dispute, cet obstacle qui se mettra toujours entre vous.
Et puis tu lui avais dis. Dans un élan de colère, la vérité était sortie. Ta confusion envers Jun. Ces sentiments que tu n'arrivais pas à taire malgré tes efforts. Cette question à laquelle tu avais peur de répondre; peut-être es-tu polyamoureux ? Tu en avais entendu parler, de cette tendance. La prenant toujours pour une légende. Mais désormais tu te sentais de plus en plus correspondre à ce label.
Il était parti en claquant la porte. Tu ne lui avais pas couru après. Toi aussi, t'étais trop énervé. Et, optimiste, tu avais pensé que tout finirait encore par s'arranger. Quelques jours à ruminer chacun dans votre coin, et le manque vous pousserait à de nouveau tout oublier, enterrer les conflits et les ignorer, pour courir dans les bras l'un de l'autre. Faire l'amour avec passion, vous promettre une nouvelle fois de ne jamais vous quitter... Oui, tu pensais que ce n'était qu'une question de temps.
Mais t'avais tord. Tellement tord.
Tu t'es levé ce matin pour trouver un courrier étrange dans ta boîte aux lettres. Une enveloppe avec juste ton nom écrit dessus. Quelque chose en relief dedans.
T'étais intrigué, mais pas anxieux. T'aurais du.
Jamais tu n'aurais pu imaginer le contenu de cette lettre. Et tu l'as ouverte avec presque trop d'insouciance.
Mais ton coeur s'est arrêté lorsque tu as découvert l'objet qu'elle renfermait. Une bague que tu aurais pu reconnaître entre mile. Autrefois tienne, elle était devenue le symbole de ton amour à la main de Shin.
A ses côtés, une clé usb au contenu mystérieux. Et enfin, ce mot.
Ce mot que tu as ouvert d'une main tremblante, déjà assis sur le marbre froid. Un mot trop court qui a eut l'effet d'une balle de revolver. Il part. Il ne peut plus. Il étouffe ici, il a besoin de changer de vie, de trouver autre chose. Parce que s'il reste ici, il finira par mourrir. Il n'a pas la force de te dire adieu, il a peur de se décourager. Alors il part... Sans même te dire où. Il s'efface simplement de ta vie, de ta réalité. Parce que tu n'es pas suffisant. Parce que tu ne peux pas le laisser exister. Ces mots là, il n'avait pas besoin de les écrire. Tu les as compris.
Seul chez toi, t'as l'impression que tu vas mourrir sur ce sol, recroquevillé, à pleurer plus qu'un nouveau né qui découvre le jour, à ne plus savoir respirer.
Serrant dans tes mains cette bague, et cette clé qui contient les dernières chansons qu'il a composé pour toi. Ces mélodies que tu sais que tu n'auras jamais le courage d'écouter. Parce que ton coeur fait déjà bien trop mal, comment pourrais tu survivre à plus de torture ?
Comment pourras tu vivre un nouveau jour sans lui ? Sans savoir où il est, sans avoir la chance d'encore lui parler. De le sentir dans tes bras une dernière fois...
Tu te sens brisé. Pour de bon cette fois.
Sur le sol, ton téléphone en haut parleur sonne dans le vide. Le numéro n'est plus attribué...