Il aurait voulu qu'on l'aime. Il aurait voulu qu'on ne l'abandonne jamais à cette station de métro. C'était un jour aussi clair que flou qui revenait souvent dans son esprit. Il se revoyait enfant, assis à attendre vainement qu'on vienne le chercher. Kiha, il ne se souvient que de la silhouette floue. Du au-revoir prononcé sans qu'il n'y prête attention. On lui a souvent dit qu'il avait probablement imaginé la scène, qu'il était trop petit pour s'en souvenir mais il a l'impression que c'était réel. Peut-être qu'il aime s'accrocher à ça. Se dire que si personne n'était venu pour lui, c'est qu'il y avait dû y avoir un problème. On abandonnait pas son enfant sans raison, pas sans compassion.
(( peut-être que si ))

Il s'est toujours senti béni d'avoir été recueilli par l'orphelinat. Les soeurs ont été les figures maternelles qu'il n'avait plus. Elles l'ont élevé avec amour et lui ont inculqué des valeurs. Kiha, il croit encore au seigneur. Il le prie comme tous les autres enfants élevés là-bas. Ses doigts glissent souvent sur la croix, s'entortillent autour d'elle. Peut-être un peu plus lorsque certaines pensées lui reviennent. (Fameux jour où il a péché). Pourtant, Kiha reste en paix. Il a une petite-amie, fait encore des erreurs mais il essaie de devenir meilleur. Il voudrait qu'on soit fier de lui, juste un peu.