sa mère a décidé de quitter cuba quand il n'avait que cinq ans, sa petite soeur liza encore dans le ventre » On aura jamais parlé de son père, du vrai, du grand Alvarez. On dit qu'il est un bâtard, un fils de chien. On dit aussi qu'il assuma rien. On dit beaucoup de choses, dans le peu de famille sur le sol coréen. On le murmure le plus souvent, pour pas recevoir ce regard qui veut tout dire mais qui répond à rien. Y a plein de rumeurs sur les origines enfouies des enfants Alvarez, les cubains rejetés par la Havane elle-même. A moins que ce ne soit sa mère qui, par sa fuite, aura rejeté toute connexion avec le pays de son enfance. Et à choisir, il a choisi sa mère. Il a choisi de pas poser de question, parce qu'elle a forcément ses raisons. Parce que dans ce regard qui coupe le souffle, il y lit la blessure trop profonde, celle qu'on ne doit pas rouvrir, pas même effleurer après des années. » Il se souvient de leurs nuits chez sa tante, dans un lit de deux pour quatre enfants. Il se souvient de l'uniforme qu'on lui a forcé à porter, d'une langue qu'il a dû apprendre. Ils ont grandi en partageant deux cultures. Aujourd'hui, il adopte un langage de merde, de petit merdeux qui cherche pas à corriger les défauts de prononciation creusés avec le temps » La première histoire d'amour, il ne pensait pas la connaître au lycée. Ca lui est tombé dessus, sans prévenir, la parfaite relation de deux adolescents en pleine décadence. L'histoire teintée de rose, filant doucement sur le bon chemin. Des mois passés à conquérir le monde, à planifier leur vie ensemble jusqu'à leur premier appartement. L’étau s'est resserré, l'amour s'est barré et pourtant, il l'a aimé jusqu'à en crever. Une partie éteinte et restée dans leur lieu de vie, un jour bercé par le silence de son absence constante. Il n'est jamais revenu. Il n'est jamais revenu et Nino ne l'acceptera jamais totalement. » il fume cigarette sur cigarette, c'est plus imprégné dans ses vêtements mais dans sa chair. » les ecchymoses sur la peau, les rougeurs parsemant la nuque, les phalanges écorchées, tantôt à vif. il provoque la confrontation en clamant le contraire. Traces de bagarres ajoutées aux ravages d'un russe. »  il ne possède pratiquement aucun bien, ça fait des années qu'il a pas foutu les pieds dans une cabine d'essayage. Ses fringues sont pratiquement tous en mauvais état et il en a rien à branler. » la richesse, la belle et luxueuse bourgeoisie lui filent la gerbe. » Ce n'est pas faute de l'avoir effleurée, par ses chemises d'un tissu si précieux arrachées de ses doigts. Nino aurait pu y laisser son coeur à nouveau, à ce monde qui n'est pas le sien mais il a été là pour le remettre à sa place. Il ne cessera de voir les facilités et la laideur derrière les parades de costumes bien serrés. » il inventera pas la roue, ce con, et il reconnaîtra pas un picasso d'un dessin pour enfant mais putain, les plans à deux balles, de ceux à parier son loyer au casino, il en trouve suffisamment tous les jours pour en faire un métier. » il croit sincèrement que sa mère est la personne la plus douce au monde, définition de la tolérance et de la chaleur malgré la souffrance traversée. On jure pas, on crache pas sur sa mama et c'est p't'être pour ça, finalement, qu'il est pas si pourri au fond, qu'il ferait tout pour un être cher, sacrifiant sa personne à la moindre occasion. » Minho, la tête d'un mec derrière une affiche de colocation et Minho, la rencontre de sa vie. Pilier et stabilité, et si il était pas si enfoiré avec les mots, il lui dirait à quel point il le considère comme sa moitié. » Liz, il lui a longtemps tenu la main. Liz, elle a longtemps suivi ses pas. Soirées et fréquentations frôlant la légèreté, l'amour rencontré à l'adolescence et abandonnée à son tour par l'homme désirée ayant pris la fuite à l'évocation d'un test de grossesse. Et quand il a fallu la relever, le visage ravagé par les larmes, il a pris le poids du regret sur ses épaules. » Oncle d'un enfant appelé Joe. Le jour de l'accouchement, il aura fait face à la vitre immense, le séparant lui d'un rôle paternel à assumer, a presque perdre pied. L'éducation bancale, enseignée depuis des années et les dépenses inattendues des jeans troués mais souhaitant lui offrir ce qu'il n'aura jamais connu. » père d'un chat nommé Bethoveen (Beth, oven, bite pour les familiers de la coloc) dont il néglige fréquemment la gamelle et d'un poussin nommé Mozzarella (Mozza par flemme).